A mon arrivée dans l'appartement de M (dont les parents sont propriétaires), j'ai bien sûr -un peu bêtement- commencé à refaire mentalement toute l'organisation de l'espace : "Ça serait mieux quand même de casser le mur de la cuisine, et puis mettre une douche dans la salle de bain plutôt qu'une baignoire ! Et puis la chambre est tout en longueur, on pourrait faire un dressing dans une extrémité plutôt que cette grosse armoire"
La réponse ne se fit pas attendre : "Ok, tu démarre les travaux quand ?"
Et merde ...
Bref, au vu de mon inexpérience totale dans le bricolage (surtout du "pas en kit Ikea avec la clé fournie"), j'ai choisi rapidement d'éliminer les deux premières options nécessitant une masse et des biceps et de me focaliser sur la création d'un dressing sur mesure.
Passé les premiers croquis extravagants sortis de mon imagination dans laquelle la chambre faisait 5m de large, nous choisissons donc de nous arrêter sur un modèle basique constitué de deux étagères entourant une penderie. (il faut bien un début à tout).
Ne connaissant rien au monde du bricolage Tartusien, nous avons donc commencé par demander un avis extérieur sur la meilleure approche à adopter; le témoin est formel : il faut tout commander à une entreprise et encastrer une étagère pré-construite.
Grande déception pour moi qui imaginais tout monter à la main avec des grosses planches en chêne s'appuyant sur les murs. Enfin, il faut reconnaître les experts et celui-là à l'air de gérer grave.
En attendant la réponse de l'entreprise contactée, je me mets rapidement au travail et commence par le plus important : La simulation en réalité virtuelle. On ne se refait pas.
L'avantage de cette manie est que ça me fournit du grain à moudre pour ce blog, voici donc l'oeuvre.
Nous décidons par ailleurs de dédier une des étagères à l'accueil de paniers, mais il faut alors choisir ceux-ci, sachant que leur forme conditionnera les mesures du dressing; bref, après une semaine de recherche intensive à écumer les shopping-malls de la Baltique, arrive enfin la révélation. La Rolls des paniers de dressing, la cerise qui couronnera ce gâteau de cellulose : la "Korv BAMBUS 46x32xH26cm, helepruun, tekstiilvooder"
Mazette, vous dites-vous, ça c'est de la corbeille !
Un beau jour, le devis arrive : "votre demande est très particulière, pour la réalisation sur mesure, ça vous coutera 8000 Kroon, merci de ramasser vos dents, bonne journée"
Bref, au diable la réalisation sur mesure, on achète quelques planches et vis, on emprunte des outils aux parents et je me lance !
Cette fois, pas de simulation, j'ai compris que les réalisations virtuelles n’intéressaient personne ! (Que les gens sont matérialistes !).
Première étape : démontage de l'ancienne armoire soviétique pièce par pièce. Nous nous rendons vite compte que dans notre aveuglement petit-bourgeois, nous avions sous-estimé la force créatrice ouvrière du peuple libéré ! Chaque planche est solidement arrimée par des fixations inextricables qui semblent vouloir assurer coûte que coûte la cohésion du bahut. Quelques coups de marteau bien placés ont finalement raison de la menace bolchevique qui tombe en morceaux comme une statue mal boulonnée.
Seconde étape : ah tiens, le mur derrière l'armoire n'a pas été peint ! Je ne ferai pas a nouveau des allusions idéologiques bancales, d'autant que les responsables se dénoncent d'eux-même en invoquant le statut précaire de l'étudiant.
Nouveau tour de shopping, nouvelles ampoules aux pieds, nous choisissons de repeindre deux murs en vert.
Troisième étape : par solidarité avec mes compatriotes, j'entame une grêve le temps de négocier mes conditions de travail. Nouveau retard dans la construction.
Quatrième étape : j'entame la construction, à raison de deux heures par jour selon les nouveaux statuts. Le mur n'est pas droit et je comprends alors l’intérêt d'une armoire indépendante; malgré tout et avec l'aide d'une scie sauteuse, j'adapte toutes les planches au mur.
28 octobre, 22h : l'oeuvre de ma vie est terminée, je verse une larme.
Le constructeur, photo d'archive |
Louée soit la garde-robe ! |
Prochain objectif à présent : ajout d'un rideau et fixation d'une lampe de chevet au mur, vous n'échapperez pas aux photos, soyez-en assurés !
Bien joué Eti ! Tu devrais monter un magasin de meubles faciles à construire, je suis sûre que ça marcherait !
RépondreSupprimerJ'aime bien la photo de toi avec l'outil en main (ce n'est d'ailleurs pas une scie sauteuse faux bricoleur!), seulement, reste à te laisser pousser la moustache pour le côté sovietique.
RépondreSupprimerEt puis j'aurais aimé une photo avant après pour se donner une idée de tes talents de D&Co
@Moute : Arf, j'ai pas pensé à prendre une photo de l'armoire, et ce qu'il en reste sert maintenant à chauffer une famille dans un kolkhoze ou ailleurs !
RépondreSupprimerPour l'outil, il s'agit de la disqueuse au moyen de laquelle j'ai coupé dans des gerbes d'étincelles la barre en acier à laquelle je m'appuie dans une pose triomphale.
@Hélo : Non non, ma spécialité à moi c'est les meubles impossible à construire, et malheureusement, ça n'a aucun avenir :(
Qui aurait cru qu'une telle épopée puisse nous captiver à ce point un dimanche matin! Arthur en a oublié le café et moi les petits pains. Etienne, si tu n'es pas doué pour le bricolage, tu racontes à merveille: je ferais donc de toi un dialoguiste pour scénario creux. Ou un scénariste de film à monter soit-même...?
RépondreSupprimerLes suedois n'ont qu'à bien se tenir, un meuble Ikea n'a pas autant d'histoire! Et j'ai bien aimé la séquence réalité virtuelle moi. Avant de réaménager ma chambre en espace de travail digne d'une auto-entreprise et coin-télé indépendant, Maya et moi on s'est fait un petit aperçu. Ça permet au moins d'éviter de jouer à Tetris en bougeant le bureau et l'armoire normande, merde, le lit ne passe plus. :)
RépondreSupprimerBravo Eti!
@A&L : Ah, mais je suis doué en bricolage, si l'on oublie le fait que j'ai provoqué un court-circuit en branchant ensemble la phase et le neutre d'une lampe tout à l'heure... Mais c'est en forgeant qu'on devient électricien disait Claude François dans son bain, et je ne tiens pas à le décevoir.
RépondreSupprimer@Marion : Avoue que finalement, le résultat n'avait rien à voir avec la simulation ;)
Non seulement tu squattes l'appartement des parents de Mari, mais en plus tu veux tout casser! Quels opportunistes ces français...
RépondreSupprimerje réagi avec un peu de retard mais ton post m'a fait bien rire
RépondreSupprimerPar contre ta simulation, j'ai cru que c'était une photo tellement le rendu crasseux des murs était réaliste. A moins que ce ne soit ton logiciel qui soit pourri au niveau du rendu des couleurs